A la tête d’une coalition conservatrice, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est rallié à un projet de loi légalisant des colonies en Cisjordanie. Une manoeuvre vue à Jérusalem comme une nouvelle parade pour satisfaire son aile droite.
Mais cette politique d’apaisement à droite pourrait avoir des conséquences internationales. Bien que le texte ait de fortes chances d’être rejeté par la Cour suprême.
Lundi, le passage en première lecture d’une version amendée a déclenché des réactions inquiètes des Etats-Unis, de l’Union européenne et des Nation unies, laissant envisager l’adoption d’une manière de résolution de l’ONU sur le sujet avant la fin du mandat de Barack Obama le 20 janvier.
En outre, certains responsables israéliens craignent que le projet de loi ne constitue un motif de poursuites pour la Cour pénale internationale de La Haye. Benjamin Netanyahu, un temps opposé à la législation, avait lui-même mis en garde contre de possibles procédures judiciaires lors de l’émergence du projet porté par le parti d’extrême-droite du Foyer juif et son chef de file, le ministre de l’Education Naftali Bennett.
Condamnations
Les dirigeants palestiniens ont condamné un texte qui cautionne des expropriations sur les terres qu’ils revendiquent pour Etat. En cinquante ans, Israël a construit environ 120 colonies officielles en Cisjordanie. Elles sont condamnées par une majorité d’acteurs internationaux.
Outre ces colonies officielles, une centaine d’avant-postes y ont été construits sans l’aval du gouvernement. Plus de cinquante d’entre eux pourraient être légalisés par le projet de loi, estime l’association israélienne Peace Now. Le texte propose d’indemniser les propriétaires palestiniens des terres concernées.
Pour Benjamin Netanyahu, dans son quatrième mandat, ne pas soutenir la législation aurait eu valeur de défaite face à Naftali Bennett, et permis à son parti de ravir au Likoud des électeurs conservateurs. « Il craint plus Naftali Bennett que le gouvernement américain et que l’Union européenne. Même s’il est Premier ministre depuis 11 ans, il reste un politicien plus qu’un dirigeant », juge Amnon Abramovitz, un analyste politique pour la chaîne de télévision Aroutz 2.
Nouveaux votes
Approuvé lundi dans une version amendée par 58 députés (51 contre), le projet de loi devra faire l’objet de deux nouveaux votes, probablement dès la semaine prochaine, pour devenir loi.
La législation a des chances d’être invalidée par la Cour suprême israélienne, devant laquelle les groupes de défense des droits de l’homme devraient contester les expropriations de terrains privés qu’elle contient. Certains commentateurs estiment d’ailleurs que Netanyahu mise sur l’annulation de la loi par la haute cour.